Tous ces bruits autour de moi, toutes ces voix et ces sons familiers... Le lycée était une marée d'odeurs et un capharnaüm perpétuel. Les gens se rendaient-ils seulement compte du bruit qu'ils faisaient ? Je me dirigeais tranquillement dans les couloirs, triant les sons. Des pas se dirigeaient vers moi, je me décalai doucement sur la droite, évitant la collision. Distrait, je me permis de prêter une légère attention aux conversations des différents élèves. J'aimais écouter les voix des gens, car elles révélaient bien plus de choses que certaines paroles parfois. Il arrivait néanmoins que certaines voix me trompent, trompent autrui, mais c'était ainsi, on ne pouvait pas contrôler les manipulateurs. Soufflant légèrement, je continuais mon chemin, revoyant dans mon esprit le plan du lycée. Encore quelques pas, et hop, on tourne sur la droite.

C'était la fin des cours, heureusement, ça me faisait le plus grand bien de ne plus avoir à supporter ces bruits de pas, ces murmures incessants, cette sonnerie tonitruante qui résonnait dans mes oreilles. J'avais mal à la tête à force de l'entendre, c'était vraiment... désagréable. J'avais souvent mal à la tête en classe cause de ça, mais heureusement, l'ordinateur que j'utilisais pour mes cours ne pouvait pas aggraver ce mal de tête. Comme quoi, il y a certains avantages à être aveugle. Je passais une main dans mes cheveux, puis remis correctement mon sac sur mon épaule, avant de continuer à marcher vers l'accueil, où m'attendait sagement Jolie, la chienne qui m'aidait dans ma vie quotidienne.

J'arrivais à l'accueil et j'entendis la femme qui s'occupait de Jolie s'approcher. J'aurais reconnu son pas entre mille, elle boitait légèrement et faisait traîner son pied gauche. Je sentis la chienne sauter sur moi et je ris légèrement, caressant le haut de sa tête tandis qu'elle jappait joyeusement. Elle était vraiment adorable. Je laissai glisser ma main le long de sa tête jusqu'à sentir le cuir râpeux du collier sous mes doigts, puis je saisis la laisse et remontai jusqu'au bout, passant mon poignet à l'endroit prévu pour. Je souris légèrement.

« Merci ! Au revoir ! »

Je souris à nouveau en entendant la femme me répondre, puis je me laissai guider par Jolie. Elle connaissait le chemin par cœur, elle avait été dressée pour ça, et je ne savais pas ce que je ferais sans elle. Je marchais tranquillement, me guidant par le bruit étouffé de ses pattounes sur la route, souriant légèrement. J'adorais me balader en ville, sentir cette odeur d'air frais tout autour. J'aurais aimé pouvoir revoir cette ville dans laquelle je vivais depuis des années, mais je m'étais résigné à ne plus jamais pouvoir le faire. Pour autant, il y avait toujours l'espoir en moi que les médecins arrivent à faire des miracles, arrivent à redonner la vue à ceux qui l'avaient perdue. C'était en bonne voie, je savais que des prototypes étaient faits et qu'ils marchaient mais pour le moment, ils ne concernaient que les cécités provoquées par des maladies. Le rêve en restait un pour le moment.

Je soupirais et me dirigeai grâce à Jolie vers l'appartement dans lequel je logeais. M'arrêtant quand l'animal me l'indiquait, montant les marches quand elle aboyait pour me prévenir, j'arrivais enfin devant notre immeuble. Tendant la main, je frôlai les boutons histoire de les repérer et commençai à taper la combinaison pour entrer. Quand le bruit familier du déverrouillage se fit entendre, je souris et poussai la porte, attendant que Jolie entre pour fermer derrière moi. Elle aboya pour m'indiquer l'escalier et je commençai à monter jusqu'au 3è étage. Elle jappa joyeusement et je compris que nous étions arrivés devant la porte. Fouillant machinalement mon sac, je touchai enfin les clés et les pris. Touchant la porte du bout des doigts, je trouvais rapidement la serrure et mit la clé dedans. Deux tours, comme d'habitude, puis j'ouvris la porte, fermant derrière moi. Posant les clés à l'endroit prévu pour, j'enlevai mon manteau et mes chaussures avant de poser mon sac sur le canapé. M'étirant, je souris.

« Que ça fait du bien d'être chez soi ! »

Je me dirigeai tranquillement vers la cuisine, levant le bras pour attraper la poignée d'un meuble et avançai le bras jusqu'à sentir un verre. Je le pris et le posai sur le meuble, refermant le placard. J'ouvris le frigo et me penchai pour essayer de trouver le lait, mais l'endroit où il était normalement était vide. Baaah, tant pis. Alors, il était rangé... dans le 2è placard, au fond à gauche. Je trouvai rapidement la poignée et fouillai dans le fond à gauche. Ah, je la sentais ! Je la sortis avec un sourire victorieux et ouvris la bouteille, avant de m'en verser un verre. Ne décelant pas l'odeur, trop épuisé pour faire attention, je portais le verre à mes lèvres.

Mais la bouteille n'était pas du lait...